Vingt-trois heures trente. Elle sait qu’elle aurait dû partir plus tôt, mais son père a tardé à se coucher. Après avoir attendu assez longtemps pour qu’il s’endorme, elle s’est levée sans bruit et a installé des coussins en boule sous ses couvertures pour simuler sa présence dans le lit. Le temps de prendre son sac à dos et d’enfiler son gilet à capuche, la voilà en train d’ouvrir la porte tout doucement en tendant l’oreille.
Pas de réaction dans la pièce à côté, la voie est libre. Elle descend lentement les escaliers, en chaussettes et chaussures en main. Elle atteint la porte d’entrée, appuie délicatement sur la poignée, et écoute une dernière fois si personne ne s’éveille. C’est bon, elle est dehors, enfile ses baskets, et court à toute allure.
Ils sont censés se rejoindre devant la gare, elle espère que tout se passe bien pour son évasion à lui. S’il n’est pas là… Elle écarte cette éventualité de son esprit, il ne peut pas lui faire ça. Elle surveille son téléphone en ralentissant l’allure. Après tout, ils ne doivent se retrouver qu’à minuit. Et puis, il faut qu’elle soit discrète. Que personne ne la ramène à la maison…
La voilà devant la gare. Le train est prévu pour minuit et demi, elle a donc le temps de l’attendre un peu. Malgré tout, elle met son capuchon sur sa tête, au cas où quelqu’un la reconnaîtrait. Cette ville est petite, tout le monde se connaît un peu dans ce coin perdu.
Les minutes s’égrènent, et elle ne le voit toujours pas arriver. Elle se décide à aller chercher les tickets en attendant. Arrivée à l’endroit prévu à cet effet, le guichetier hausse les sourcils en la regardant. Il lui demande pourquoi une si jeune fille prend le train si tard, pour aller si loin. Elle lui répond qu’elle est accompagnée de sa mère, que celle-ci va la rejoindre, mais est en retard. Donc, elle prend leurs billets en attendant. Elles vont rejoindre ses grands-parents à qui elles n’ont pas rendu visite depuis longtemps. Elle invente au fur et à mesure. Elle a toujours été douée pour improviser des mensonges.
Il semble accepter ses explications, et lui tend ses tickets de train. Elle se dirige de nouveau devant la gare, en imaginant qu’il doit être là, à présent. Hélas, pas de trace de lui… Elle sort son téléphone pour l’appeler, la peur au ventre.
Il répond à la quatrième sonnerie. Le pire des scénarios est en train de se produire. Il s’est dégonflé. Il ne la pensait pas sérieuse, et dit que c’est de la folie. Elle raccroche sans lui laisser le temps de finir sa phrase. C’est la panique. Elle ne peut pas rentrer chez elle. Jamais.
A peine a-t-elle rangé son téléphone qu’il se remet à sonner. Elle pense que c’est lui qui veut continuer ses excuses bidons, mais en lisant « maman » sur l’écran, elle est prise de panique. Ils se sont aperçus de sa disparition. Ce n’était pas censé se produire avant demain matin, quand elle aurait mis assez de distance entre eux !
Elle éteint son portable, pour ne pas qu’ils la tracent, même s’ils doivent se douter d’où elle se trouve. Elle court vers son quai. Il est minuit vingt-cinq, pourvu que le train n’ait pas de retard… Si elle arrive à entrer dedans avant leur arrivée, elle a des chances de s’en sortir. Ils n’appelleront pas la police, elle le sait.
Elle voit le train arriver au loin, et se dirige le plus loin possible des escalators d’accès au quai, au cas où. Son cœur bat beaucoup trop vite, elle a peur de faire un malaise tant elle est angoissée, mais se ressaisit. Elle va y arriver cette fois-ci. Ils ne l’auront pas. Plus.
Le train est arrivé, et alors qu’elle monte à bord, son regard accroche une silhouette familière du coin de l’œil. C’est son père, elle le sait. Il est en train de descendre les escalators en précipitation. Elle va se cacher dans les toilettes et espère qu’il n’a pas vu où elle est montée. Elle prie pour que le train démarre rapidement.
Elle entend le long bip qui précède la fermeture des portes, et peut enfin sortir des WC. Elle regarde sur le quai, et le voit. Il a l’air en colère, et donne un coup de pied à une poubelle. Elle pousse un long soupir lorsque le train démarre. Elle a réussi. Bientôt, elle sera loin.
Pas de réaction dans la pièce à côté, la voie est libre. Elle descend lentement les escaliers, en chaussettes et chaussures en main. Elle atteint la porte d’entrée, appuie délicatement sur la poignée, et écoute une dernière fois si personne ne s’éveille. C’est bon, elle est dehors, enfile ses baskets, et court à toute allure.
Ils sont censés se rejoindre devant la gare, elle espère que tout se passe bien pour son évasion à lui. S’il n’est pas là… Elle écarte cette éventualité de son esprit, il ne peut pas lui faire ça. Elle surveille son téléphone en ralentissant l’allure. Après tout, ils ne doivent se retrouver qu’à minuit. Et puis, il faut qu’elle soit discrète. Que personne ne la ramène à la maison…
La voilà devant la gare. Le train est prévu pour minuit et demi, elle a donc le temps de l’attendre un peu. Malgré tout, elle met son capuchon sur sa tête, au cas où quelqu’un la reconnaîtrait. Cette ville est petite, tout le monde se connaît un peu dans ce coin perdu.
Les minutes s’égrènent, et elle ne le voit toujours pas arriver. Elle se décide à aller chercher les tickets en attendant. Arrivée à l’endroit prévu à cet effet, le guichetier hausse les sourcils en la regardant. Il lui demande pourquoi une si jeune fille prend le train si tard, pour aller si loin. Elle lui répond qu’elle est accompagnée de sa mère, que celle-ci va la rejoindre, mais est en retard. Donc, elle prend leurs billets en attendant. Elles vont rejoindre ses grands-parents à qui elles n’ont pas rendu visite depuis longtemps. Elle invente au fur et à mesure. Elle a toujours été douée pour improviser des mensonges.
Il semble accepter ses explications, et lui tend ses tickets de train. Elle se dirige de nouveau devant la gare, en imaginant qu’il doit être là, à présent. Hélas, pas de trace de lui… Elle sort son téléphone pour l’appeler, la peur au ventre.
Il répond à la quatrième sonnerie. Le pire des scénarios est en train de se produire. Il s’est dégonflé. Il ne la pensait pas sérieuse, et dit que c’est de la folie. Elle raccroche sans lui laisser le temps de finir sa phrase. C’est la panique. Elle ne peut pas rentrer chez elle. Jamais.
A peine a-t-elle rangé son téléphone qu’il se remet à sonner. Elle pense que c’est lui qui veut continuer ses excuses bidons, mais en lisant « maman » sur l’écran, elle est prise de panique. Ils se sont aperçus de sa disparition. Ce n’était pas censé se produire avant demain matin, quand elle aurait mis assez de distance entre eux !
Elle éteint son portable, pour ne pas qu’ils la tracent, même s’ils doivent se douter d’où elle se trouve. Elle court vers son quai. Il est minuit vingt-cinq, pourvu que le train n’ait pas de retard… Si elle arrive à entrer dedans avant leur arrivée, elle a des chances de s’en sortir. Ils n’appelleront pas la police, elle le sait.
Elle voit le train arriver au loin, et se dirige le plus loin possible des escalators d’accès au quai, au cas où. Son cœur bat beaucoup trop vite, elle a peur de faire un malaise tant elle est angoissée, mais se ressaisit. Elle va y arriver cette fois-ci. Ils ne l’auront pas. Plus.
Le train est arrivé, et alors qu’elle monte à bord, son regard accroche une silhouette familière du coin de l’œil. C’est son père, elle le sait. Il est en train de descendre les escalators en précipitation. Elle va se cacher dans les toilettes et espère qu’il n’a pas vu où elle est montée. Elle prie pour que le train démarre rapidement.
Elle entend le long bip qui précède la fermeture des portes, et peut enfin sortir des WC. Elle regarde sur le quai, et le voit. Il a l’air en colère, et donne un coup de pied à une poubelle. Elle pousse un long soupir lorsque le train démarre. Elle a réussi. Bientôt, elle sera loin.