C’est inconfortable, cette position qu’elle lui a fait prendre. Tout plié, dans ce coin plein d’aérations. Il a un peu froid, et il se sent tout secoué lorsque le train démarre. Pourquoi l’a-t-elle sorti de son bloc-notes ? Elle a toujours des idées farfelues.
Aujourd’hui commence une nouvelle aventure pour lui. Il contient un message à son tour, comme il a vu ses frères en recevoir : gribouillages, phrases à la volée, petits mémos. Mais il est le seul à avoir été décroché. Ça, il en est sûr. Ça veut dire quoi ? Qu’il est plus important, ou qu’il ne vaut pas tripette ?
Il est devenu un petit papier coincé dans le trou d’aération d’une banquette de train. Génial. A quoi pensait-elle, cette bécasse ? Rencontrer l’amour en laissant son numéro de portable à un inconnu ? Elle n’est quand même pas si désespérée…
Il ne croit pas qu’elle soit assez puérile pour avoir écrit des insultes. Bien que cette idée lui aurait bien plu, lui. C’est le petit plaisir des bouts de papiers : Pouvoir ressentir ce qui traverse la tête du lecteur au moment de son déchiffrage. Ou délettrage ? Enfin, de sa lecture quoi. C’est fugace, mais bien réel. Et en imaginant les pensées d’une inconnue lisant qu’elle est une morue, il sait que ça l’aurait beaucoup amusé.
Une idée horrible lui traverse le quadrillage. Serait-il une lettre de suicide ? Elle n’a pas pu lui faire ça, quand même ! Il n’y a rien de pire pour une feuille de papier que de se retrouver avec des mots d’adieux sur le dos. Ah si, il y a les listes de courses aussi…
Peut-être est-il une énigme ? Une blague ? Un dessin ? Ou juste un « I Was Here » ? Il ne le saura que lorsqu’il sera lu. Ça va peut-être prendre une plombe, mais il faudra qu’il soit patient si jamais ça se prolonge. Il espère juste ne pas se faire jeter à la poubelle en se faisant confondre avec un détritus…
Soudain, il ne ressent plus le courant d’air de l’aération, et se fait soulever. Pas la poubelle, pas la poubelle ! Quelqu’un tire sur ses coins pour le déplier. Ouf, ça y est, il va se faire lire, ça n’aura pas traîné :
« Bonjour, ou bonsoir, toi qui me lis. Tu me permets de te tutoyer ? Je suis un mot là pour t’apporter un peu d’occupation, en ce trajet de train. J’espère t’amener un sourire aux lèvres, c’est toujours bénéfique, en ces temps de peurs et de craintes permanentes pour l’avenir.
J’espère que tu vas bien, et que tu es heureux. Sincèrement.
Si tu veux, toi aussi, tu peux apporter un petit bout de bonheur, soit en me remettant où tu m’as trouvé, où mieux, en coupant la partie vierge de cette feuille et en écrivant ton propre petit mot à quelqu’un. Glisse-le dans le prochain train que tu prendras. Dans ce cas, peut-être parviendrons-nous à semer un peu de bonheur dans le quotidien monotone de quelques personnes.
Merci de m’avoir lu. Par pitié, ne me jette pas à la poubelle.»
Ah là, Il se sent bien, le petit mot. Il a l’impression d’être spécial. Il sentirait presque ses bords se retrousser sous l'émotion. Il n'y a qu'un hic, cette suggestion de le déchirer en deux. Quelle barbarie!
Aujourd’hui commence une nouvelle aventure pour lui. Il contient un message à son tour, comme il a vu ses frères en recevoir : gribouillages, phrases à la volée, petits mémos. Mais il est le seul à avoir été décroché. Ça, il en est sûr. Ça veut dire quoi ? Qu’il est plus important, ou qu’il ne vaut pas tripette ?
Il est devenu un petit papier coincé dans le trou d’aération d’une banquette de train. Génial. A quoi pensait-elle, cette bécasse ? Rencontrer l’amour en laissant son numéro de portable à un inconnu ? Elle n’est quand même pas si désespérée…
Il ne croit pas qu’elle soit assez puérile pour avoir écrit des insultes. Bien que cette idée lui aurait bien plu, lui. C’est le petit plaisir des bouts de papiers : Pouvoir ressentir ce qui traverse la tête du lecteur au moment de son déchiffrage. Ou délettrage ? Enfin, de sa lecture quoi. C’est fugace, mais bien réel. Et en imaginant les pensées d’une inconnue lisant qu’elle est une morue, il sait que ça l’aurait beaucoup amusé.
Une idée horrible lui traverse le quadrillage. Serait-il une lettre de suicide ? Elle n’a pas pu lui faire ça, quand même ! Il n’y a rien de pire pour une feuille de papier que de se retrouver avec des mots d’adieux sur le dos. Ah si, il y a les listes de courses aussi…
Peut-être est-il une énigme ? Une blague ? Un dessin ? Ou juste un « I Was Here » ? Il ne le saura que lorsqu’il sera lu. Ça va peut-être prendre une plombe, mais il faudra qu’il soit patient si jamais ça se prolonge. Il espère juste ne pas se faire jeter à la poubelle en se faisant confondre avec un détritus…
Soudain, il ne ressent plus le courant d’air de l’aération, et se fait soulever. Pas la poubelle, pas la poubelle ! Quelqu’un tire sur ses coins pour le déplier. Ouf, ça y est, il va se faire lire, ça n’aura pas traîné :
« Bonjour, ou bonsoir, toi qui me lis. Tu me permets de te tutoyer ? Je suis un mot là pour t’apporter un peu d’occupation, en ce trajet de train. J’espère t’amener un sourire aux lèvres, c’est toujours bénéfique, en ces temps de peurs et de craintes permanentes pour l’avenir.
J’espère que tu vas bien, et que tu es heureux. Sincèrement.
Si tu veux, toi aussi, tu peux apporter un petit bout de bonheur, soit en me remettant où tu m’as trouvé, où mieux, en coupant la partie vierge de cette feuille et en écrivant ton propre petit mot à quelqu’un. Glisse-le dans le prochain train que tu prendras. Dans ce cas, peut-être parviendrons-nous à semer un peu de bonheur dans le quotidien monotone de quelques personnes.
Merci de m’avoir lu. Par pitié, ne me jette pas à la poubelle.»
Ah là, Il se sent bien, le petit mot. Il a l’impression d’être spécial. Il sentirait presque ses bords se retrousser sous l'émotion. Il n'y a qu'un hic, cette suggestion de le déchirer en deux. Quelle barbarie!